[Squatt de la rue Frédéric-Ozanam, Lyon 1er]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTL0200 08
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Tu sais ce qui se passe toi?". "Je crois bien qu'ils viennent d'expulser les jeunes qui habitaient là". Renseignement pris, ce vieux Croix-Roussien, la casquette solidement fixée sur le sommet du crâne, posté devant la mairie du 4e arrondissement comme une trentaine d'autres personnes, regarde avec le plus vif intérêt, ce qu'il se passe de l'autre côté du boulevard de la Croix-Rousse. Là où, depuis 6 heures du matin, des bulldozers ont entrepris la démolition de deux immeubles. Exécutant ainsi les dispositions prises sur un permis de démolir déposé et accordé en octobre 1990. Rien de très spectaculaire dans toute cette histoire. Si ce n'est que dans l'un de ces deux immeubles, vivait, jusqu'à présent, une équipe de squatters. Une vingtaine de personnes expulsée, le 11 mars 1991, aux aurores, par un impressionnant dispositif de police. On avait même pris le soin de placer sous bonne garde les sites menacés par une invasion de ces vingt personnes : la mairie centrale et celle du 1er arrondissement, protégées, chacune par une compagnie de CRS, contre une éventuelle manifestation de mécontentement, après l'évacuation surprise du squatt de la rue Ozanam. Surprise sans aucun doute. Même les squatters n'en revenaient toujours pas, quelques heures à peine après les grandes manoeuvres. Car si à chaque épisode de la saga des squatters croix-roussiens (qui a débuté, en juillet 1990, par l'expulsion du squatt de la place Chardonnet), ces derniers étaient plus ou moins organisés en cas d'intervention de la police, en revanche, les forces de l'ordre, en investissant la place par les toits, GIPN en tête, ont procédé de telle sorte que les locataires de la rue Ozanam, qui ne s'étaient à l'évidence pas préparés à une telle visite, n'ont pas pu réagir. D'autant qu'ils se croyaient "protégés" par une disposition préfectorale appelée "hiver juridique" - procédure qui "couvre", d'ordinaire, les locataires dans une situation critique vis-à-vis de leur propriétaire, sur une période allant du 1er novembre au 15 mars. "On s'attendait à être expulsés lundi prochain [18 mars 1991], confirmaient, quelques heures après leur expulsion, les squatters de la rue Ozanam. Parce que c'est le seul jour où il n'y a pas de marché sur le boulevard, ça n'aurait pas trop fait de bruit... et c'était après le 15 mars". Délogés, ils l'ont été effectivement un lundi, mais quatre jours avant cette date limite qui rend pourtant impossible "l'expulsion de qui que ce soit de l'appartement qu'il occupe", souligne la juriste de l'office HLM de la CoUrLy. Or l'hiver juridique ne serait plus applicable pour les squatters de la rue Ozanam. Explication du responsable des dossiers d'expulsion à la préfecture : "En ce qui concerne ces personnes, le tribunal de grande instance de Lyon a décidé, le 26 décembre 1990, de neutraliser l'hiver juridique. En prenant appui sur l'une des notions de cette loi qui précise que l'hiver juridique ne protège que les locataires de bonne foi". Ce qui ne serait pas ou plus le cas des squatters de la Croix-Rousse. Une interprétation que confirmait, de son côté, Roland Chandelon, maire du 1er arrondissement. Rappelant ses tentatives successives et "de bonne foi" pour reloger tout ce petit monde fort bruyant : "Il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, j'avais fait des propositions. J'avais proposé des logements d'urgence : refusés. Des logements moyen terme : refusés. Que fallait-il faire ?...". A en croire ses jeunes interlocuteurs "bornés", Roland Chandelon n'a pas fini de se poser cette question. Et devrait encore entendre parler d'eux. "Nous nous installerons ailleurs. Dans des squatts individuels. Chandelon ne se débarrassera pas de nous comme ça". Source : "Les squatts pris d'assaut" / Séverine Meille in Lyon Figaro, 12 mars 1991, p.5.
note à l'exemplaire Négatif(s) sous la cote : FIGRP03545.
note bibliographique "Squatters de la Croix-Rousse : une expulsion surprise" in Lyon Matin, 12 mars 1991. - "Les squatters expulsés à l'aube" in Le Progrès de Lyon, 12 mars 1991.

Retour